Béatrice Comte
Texte de Béatrice Comte
Journaliste, critique d’art
“Portes toujours ouvertes sur d’autres portes, les tableaux d’Alain Husson-Dumoutier ne donnent jamais entièrement accès à leur cœur mystérieux. Si leur fréquentation laisse vibrer la musique des sphères et les secrètes harmoniques de l’univers, elle fait aussi redouter que la renaissance oublie de succéder à la disparition. Les carrés en abyme jouent dans les compositions un rôle de structuration axiale, mais font deviner à la contemplation attentive d’invisibles cercles matriciels. Les signes apparents – un visage esquissé, une pyramide – y recouvrent des signes cachés. L’artiste se voit d’ailleurs comme le passeur inspiré par une symbolique multimillénaire aux significations oubliées, et œuvre dans un monde imaginal, situé à la croisée du sensible et de l’intelligible.
On vit sans lassitude avec les tableaux d’Alain Husson-Dumoutier : représentations abstraites et sensuelles, ils n’imposent pas de choisir entre les sens et le sens. Ils portent à une méditation sans mélancolie, mais se laissent sans protester admirer pour le simple plaisir. Nerval affirmait que ses sonnets Les Chimères perdraient de leur charme à être expliqués… On risque souvent de tuer une œuvre à trop la vouloir décrypter : laissons-nous envahir par les secrets irradiants qui nous sont ici à demi révélés.”